" Au départ de cette aventure se situe un épais fragment de plomb abandonné. Je l'ai rencontré à la fonderie de l'Imprimerie Nationale. Ma curiosité m'a conduit immédiatement vers le lieu de fonte. Après la coulée, j'ai vu se solidifier instantanément en une plaque le plomb en fusion, et ce n'était pas là seulement un simple écran gris, mais bien une matière, temps-immobilité-lumière. Dans cette matière sombre, dense, lourde mais tendre, véritable Semelle de plomb, j’ai taillé. Dès le premier geste, sous la pointe, j’ai vu dans le sillon jaillir la lumière. Pour la faire vivre, en libérer des éclats, j’ai buriné, incisé, gravé…Mais cette lumière ne devait pas s'échapper, il fallait absolument la saisir et transporter sur le papier son jaillissement. D'instinct j'ai su que même la plus fine incision dans la semelle de plomb encrée résisterait à l'écrasement de la presse, que l'encre conduirait la lumière, que le papier la capterait et la retransmettrait.J’ai abandonné la grosse presse classique pour la presse à épreuves, plus délicate, afin que le papier “ pur chiffon” qui connaît l’encre et ses caprices coopère parfaitement à ma création. "
pierre zanzucchi - extrait DU CATALOGUE RAISONNÉ